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La pratique du lobbying, mal connue, nourrit bien des fantasmes de transgression. Pourtant l’influence des lobbies est tout à fait ancrée dans les mœurs de la capitale belge. Mais qui sont les « lobbyistes », ces professionnels de la persuasion ? Quels sont leurs liens avec les responsables européens ? Comment œuvrent-ils et pour quel impact ? En fait, les lobbyistes recoupent des métiers relativement différents. De même qu’ils défendent des intérêts très variés, au sein ou pour des firmes tout aussi pléthoriques… Un point s’impose !

Qu’est-ce que le lobbying ?

Le lobbying est une pratique consistant à influer sur un processus de décision.

En l’occurrence, à Bruxelles, il s’agit du processus de décision des institutions de l’Union européenne. Que ce soit de façon directe ou non, les lobbyistes influent sur la mise en œuvre des politiques de l’Union et, ainsi, exercent une influence dans l’élaboration des lois européennes.

Il s’agit d’organisations enregistrées comme représentants d’intérêts au Parlement et à la Commission européenne, auprès des décideurs et des fonctionnaires de l’Union européenne.

Bon à savoir. La capitale belge concentre ainsi le deuxième plus important groupement mondial de lobbyistes, après Washington.

Qui sont les lobbyistes ?

Si les GAFA sont bien connus, les lobbies sont riches (voire très riches…) et variés ! Organisations œuvrant dans le business, ONG, consultants et cabinets d’avocats, Think tanks…

Le lobbyisme prend bien des formes. Les plus représentés dans la capitale belge sont les « in-house ». Employés par les grands groupes, ils représentent leurs intérêts auprès des décideurs européens. L’AmCham ou American Chamber of Commerce, l’organisation « maison » la plus connue, ne représente pas moins d’une soixantaine de firmes américaines, parmi lesquelles, la désormais célèbre Pfizer.

Viennent ensuite les consultants qui vendent leurs services aux firmes. Il s’agit des cabinets de lobbying, des cabinets d’avocats, des cabinets de défense de produits, sans oublier les think tanks. Ces derniers prennent de l’ampleur à mesure qu’ils se démocratisent et sont bel et bien devenus d’importants moyens d’influence.

graphique sur les organisations de lobbying recensées à Bruxelles par type

Les organisations de lobbying recensées à Bruxelles par type (source: Le Monde / Commission Europénne).

Bon à savoir. Quel est le nombre de lobbyistes à Bruxelles ? Ce sont, à ce jour, 12 489 organisations recensées, soit près de 50 000 personnes à effectuer du lobbying auprès de l’UE, dont environ 24 000 personnes travaillant à temps plein et 1500 qui ont accès au Parlement. Mais l’Organisation non gouvernementale Transparency International estime quant à elle à environ 26 500 le nombre de lobbyistes présents de façon régulière à Bruxelles

Quel est leur process et impact ?

Les lobbyistes les plus importants dépensent des millions d’euros par an. À titre d’exemple, dans une enquête publiée par Le Monde : « Le Conseil européen de l’industrie chimique dépense 12 millions d’euros chaque année et emploie 78 lobbyistes représentant 49 équivalents temps plein, dont 23 ont une accréditation au Parlement européen et peuvent y accéder comme bon leur semble. ». Qui se cache derrière ses représentants amenés à rencontrer les membres de la Commission ou du Parlement de l’Union européenne ?

Enfin, l’impact de leur influence est souvent nimbé de mystère, les méthodes employées par les lobbyistes et les canaux de transmission, en revanche, sont connues… et tout à fait légales. Les lobbyistes possèdent divers outils allant de la proposition d’amendement à l’exposé de position ou « position paper ».

Bon à savoir. S’ils œuvrent dans la légalité, pour autant, les activités des lobbyistes sont peu encadrées. Depuis 2011, ils sont tenus de s’enregistrer (et se doivent de déclarer leurs dépenses) au registre de transparence de l’UE. L’obligation est même requise depuis 2014 s’ils souhaitent rencontrer des commissaires européens… Toutefois, le papier du Monde stipule qu’ « une enquête de Coporate Europe Observatory a montré que les dépenses déclarées par Monsanto n’étaient pas cohérentes avec les revenus déclarés de ses lobbyistes », tout en pointant du doigt un manque de fiabilité. La possibilité d’un registre unique et obligatoire concernant les trois institutions européennes (Commission, Parlement et Conseil) est, quant à elle, au point mort.

Qui influencent-ils ?

Les lobbyistes peuvent intervenir à tout moment : lors de la rédaction de la loi, bien sûr, mais surtout avant, voire en aval (afin de la contester). Au premier stade de l’élaboration de la loi, les lobbies se concentrent sur les responsables des politiques publiques ou « policy officers ». Puis, ils rencontrent les fameux groupes d’experts diligentés par les États membres auprès de la Commission, ainsi que les comités scientifiques des agences réglementaires, qui sont chargées, rappelons-le, de surveiller les secteurs techniques (par exemple l’Agence du médicament).

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Les lobbyistes les plus influents dépensent des millions d’euros par an pour défendre les intérêts de leurs clients auprès des décideurs européens. De fait, leur rôle a un impact certain. Après le tollé suscité par le scandale de l’autorisation du Glyphosate où l’UE est apparue manipulée, la réputation des représentants d’intérêts s’est davantage ternie. Sont-ils une source d’expertise nécessaire aux décideurs de la législation européenne ou de vils manipulateurs à la botte des grandes firmes ? L’enjeu réside bien dans la transparence de leurs relations avec les responsables bruxellois. Il en va de la confiance des citoyens.